Quand l’ ’’Afro-houngan’’ électrise et ’’scotche’’
La soirée du samedi 13 juillet a permis à
Isdeen Adamon et à son orchestre, ’’Mètalokan’’, de se produire à la Paillote
de l’Institut français du Bénin. A la fin du concert, le public en redemandait.
Isdeen Adamon, en pleine démonstration de son talent de chanteur et de guitariste |
L’ ’’Afro-houngan’’ a plu et émerveillé !
C’est une musique développant un rythme proche de la musique Afro-beat du
Nigeria, seulement qu’avec le tam-tam ’’Houngan’’ des régions lacustres du
Bénin, une saveur authentique se dégage et permet de rétablir une certaine
spécificité. En effet, l’absence des tambourins que les percussionnistes
jouent, accrochés à l’épaule, enlève à l’ ’’Afro-houngan’’ des relents de
’’Djoudjou music’’ que le saxophone avait tendance à appeler de tous ses vœux.
Par ailleurs, la paillote de l’Institut
français du Bénin a vibré au rythme d’une musique joyeuse et joviale, enivrante
qui ne laissait pas indifférent. Aussi bien la batterie, menée de main de
maître par Arnaud Ngoutta, le saxophone aux notes harmonieusement déclamées par
David Sax, que le piano d’Achille Bilandou, la guitare basse de Mariano
Hintègni et le chœur rythmé à la cascagnette d’Aubierge et de Blanche, complétée
par les percussions ’’Houngan’’, voilà l’arsenal qui a dévoilé au public une
musique qui vous entrait dans toutes les parties du corps, qui y était
ressentie avec une puissance telle que ce corps n’avait pas d’autre choix, pour
retrouver son équilibre du moment, que de bouger dans le sens de ce que les
sens permettaient de percevoir comme rythme. Ce malingre noiraud aux dreadlocks
d’Isdeen a piégé le public par une voix dont le timbre, avec le temps, se
raffinera davantage, mais qui a proféré des morceaux en Yoruba, en Fongbé, en
Anglais, notamment, distillant une joie de vivre communicative qui semble avoir
emballé les plus réticents du public.
El-Rego, en scène |
Cet orchestre,
apparemment, déploie un mode de fonctionnement scénique qui ne noie pas tous
les talents instrumentaux et vocaux dans et derrière l’image de la tête de pont
qu’est Isdeen. Pour le concert de ce samedi 13 juillet 2013, cet artiste, qui
sait aussi vigoureusement jouer du houngan, avait fait déplacer tout son
arsenal, un orchestre apparemment ordinaire, mais de haute facture dont les
membres ont déployé une énergie à la fois individuelle et collective, mettant
en jeu une symbiose réconfortante. Rien n’y a été laissé au hasard, même
l’accoutrement. Isdeen Adamon a laissé sa double potentialité de guitariste et
de percussionniste exploser et a permis que, particulièrement, David Sax,
Mariano Hintègni, Arnaud Ngoutta, Achille Bilandou, et même les deux choristes,
les deux danseuses et les trois autres percussionnistes fassent leur show, chacun
de son côté, de quoi révéler au public que chaque membre de l’orchestre
appartenait à un véritable puzzle. Cette générosité d’Isdeen a payé : à la
fin du concert, tout le monde allait le féliciter. Reste à Sourou Noudogbessi,
son manager et celui de ’’Mètalokan’’, de jouer une partition de promotion de
la sensibilité musicale d’ ’’Afro-houngan’’, à l’échelle sous-régionale et
internationale.
Marcel Kpogodo
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