N’Piénikoua
Marcus Boni Teiga fait comprendre l’histoire africaine
Paru aux
éditions Dagan en 2013, l’ouvrage ’’La Nubie et les origines des peuples
d’Afrique’’, Tome1, du Journaliste-écrivain béninois N’Piénikoua Marcus Boni Téiga,
est préfacé par le professeur Charles
Bonnet, membre de l’Institut de France (Associé étranger à l’académie des inscriptions et Belles Lettres). C’est
une enquête historique qui apporte la contribution de l’auteur à la
compréhension d’un pan de la culture africaine.
Contenant 165 pages, il est structuré en 7 chapitres : « Aux origines de la Nubie », « La Nubie et
les grandes migrations humaines », « La Nubie et Gambela », « La
Nubie et ses royaumes », « La Nubie et l’Egypte », « Les
conquêtes Nubiennes et les descendants de Nubiens en Afrique » et « Les
descendants de Nubiens de la Diaspora ». Ceux-ci se répartissent en sous-titres.
La publication
de cet ouvrage, selon l’auteur, N’Piénikoua Marcus Boni Teiga, est le résultat
d’une vingtaine d’années d’investigations de terrain, de recherches
documentaires, d’analyses et d’études comparées. Il poursuit en affirmant que
c’est une réponse à une question qu’il a longtemps trainée, une question
relative à l’origine de ses ancêtres appartenant au « Natemba ».
Ainsi, à partir des sources orales qu’il a recueillies au Bénin, au Togo, au
Burkina-Faso, au Niger, au Ghana, au Tchad, en Centrafrique, au Cameroun, au
Nigéria, au Kenya, en Ouganda, en Ethiopie, en Egypte et des recherches
analytiques et comparatives avec d’autres peuples, il a essayé de reconstituer,
à travers l’ouvrage, les liens qui ont
pu exister entre les Natemba et d’autres peuples.
« Je ne
suis pas de ceux qui pensent que le fait que les Africains n’aient pas développé
l’écriture plus tôt les empêche fondamentalement de reconstituer leur histoire
avec des sources orales », se justifie-t-il. « Le Nara »
langue des anciens « pharaons noirs », rois de Napata et de Méroé,
les peuples Sara du Tchad, sont deux éléments majeurs qui ont permis à l’auteur
de faire des rapprochements entre les peuples Natemba et la langue ’’Nateni’’
du pays ; que parle le peuple actuellement, dans le massif montagneux de
l’Atacora, au Bénin.
Selon l’auteur,
nos langues sont pour notre histoire ce que l’Adn est aujourd’hui pour le corps
humain, même si elles se forment et se déforment pour en créer de nouvelles. Ouvert
à toute critique, Marcus Boni Teiga demande à être contredit avec des éléments
probants sur ses approches, ses découvertes, ses analyses et ses
interprétations. A l’en croire, la contradiction est comme le catalyseur
indispensable pour faire avancer notre connaissance de l’histoire, car, réussir
à décoder des langues, des événements, les us et coutumes des peuples d’un
passé lointain, pour ensuite faire parler leur histoire, n’est pas une tâche
aisée.
L’objet
principal de son livre, rappelle-t-il, ne concerne pas les autres peuples
voisins ou apparentés, mais, il s’agit pour lui d’apporter sa modeste
contribution à un pan de l’histoire
africaine qui le concerne au premier chef, parce qu’il s’agit de son peuple, « Les
Natembas ».
La méthodologie
de travail
Journaliste
professionnel et passionné d’histoire, N’piénikoua Marcus Boni Téiga a
utilisé les méthodes d’investigations
journalistiques. Primo, il a localisé la zone d’investigation et rassembler
toute la documentation se rapportant à cette zone et au sujet. Deuxio, il s’est
rendu sur le terrain et a recueilli des informations, le plus possible, de
première main. Tertio, il a étudié, analysé et comparé les informations
minutieusement. Il a complété à tout cela, la connaissance géographique des
pays, la comparaison linguistique, l’analyse sémantique ou sémiologique et le contexte
historique. « Je suis profondément convaincu que, minutieusement étudiées,
les sources traditionnelles dites « non-classiques » constituent des
références crédibles. Le nom du peuple, sa généalogie, sa langue, son totem,
ses différents rituels et fétiches sont autant d’éléments d’histoire, mais qui
sont souvent muets pour ceux qui n’en sont imprégnés », s’est-il persuadé.
Contenu des
chapitres
Dans le premier
chapitre, l’auteur explique qu’on doit considérer, de façon générique, comme
Nubiens, les descendants des anciens Nubiens qui habitent le Soudan, le Soudan
du Sud, la Nubie Egyptienne, l’Ethiopie, la Somalie, l’Erythrée et la Libye. La
Nubie originelle, selon lui, est décrite comme un territoire qui s’étendait des
deux premières cataractes du Nil en Egypte jusqu’à Khartoum au Soudan, ou comme
l’attribution à l’ensemble de l’Afrique, hormis l’Egypte pharaonique. Dans le deuxième,
Marcus Boni Teiga affirme que les différentes migrations humaines dont
les premières datent de 70.000 ans, selon les scientifiques, seraient dues à la
désertification et aux bouleversements sociopolitiques. Le troisième chapitre, en
revanche, est celui dénommé : « La Nubie et le Gambela » ;
il y montre que le premier royaume de ce qui allait devenir plus tard l’empire
nubien de Kousch a été probablement construit autour de la ville de Gambela en
Ethiopie. A l’origine, les Nubiens vivaient dans le système matrilinéaire qui
est ensuite devenu patrilinéaire et, dans des sociétés acéphales. Du moment où une
dynastie forte a réussi à constituer le premier royaume fédérant, par nécessité
ou par force, plusieurs tribus, le système est devenu monarchique. C’est cette
assertion qu’il a développée dans le quatrième chapitre.
Faisant le
rapprochement entre la Nubie et l’Egypte, dans le cinquième chapitre, Teiga pense
qu’il existe suffisamment d’éléments pour dire que la civilisation pré-dynastique
en Egypte est d’origine nubienne avant d’être métissée. Selon cette affirmation,
elle a probablement été progressivement métissée grâce à ses contacts avec les autres peuples d’Asie, notamment, ceux-là
même qui ont été établis bien plus tôt que nous n’en savons pour le moment. Il va
plus loin : les Pyramides, qui sont aujourd’hui le symbole du génie et de
la puissance des pharaons qui ont rivalisé dans leur construction, ne sont pas nées
ex-nihilo, mais constituent le fruit d’une lente évolution intimement liée aux us et aux coutumes de la Nubie antique,
sur les principes de la vie, de la mort et de l’au-delà.
Le sixième
chapitre, intitulé « Les conquêtes Nubiennes et les descendants de Nubiens
en Afrique », explique que la conquête des territoires de l’ouest de la
Nubie Soudanaise a été entamée plusieurs milliers d’années avant Jésus-Christ. Pour
l’auteur, les recherches qu’il a menées entre le Tchad et le Bénin permettent
d’établir que les Natembas, dont il est issu, sont des descendants des derniers
conquérants du royaume de la Méroé, en Egypte. De nombreux éléments
linguistiques, culturels et historiques l’attestent, a-t-il ajouté.
Dans le dernier
chapitre intitulé « Les descendants de Nubiens de la Diaspora »,
l’auteur a affirmé que tous les peuples noirs
du monde, où qu’ils se trouvent, sont d’origine nubienne. Dans l’explication de
cette affirmation, il a indiqué que leurs ancêtres lointains sont partis de la
vallée du Nil pour s’installer en différents endroits du monde, par vagues
successives, et à des époques différentes, selon les uns et les autres.
Sur l’unité de l’Afrique
Dans une
démarche de panafricaniste, Boni Téiga croit que l’Afrique est naturellement et,
par essence, la source de l’humanité. Les ramifications de la peau noire,
retrouvée partout dans le monde, seraient dues à cette migration de la Nubie
jusqu’en Afrique de l’Ouest, peu avant l’effondrement du royaume de Méroé. A travers son ouvrage, il
invite tous les peuples noirs d’Afrique
et de par le monde à s’unir, puisque la plupart des langues parlées au monde
sont étymologiquement et d’origine africaine. Il est l’un de ceux qui croient
que l’Afrique peut encore unir ses peuples qui ne devraient pas être divisés.
Hector Tovidokou
L’auteur
Marié et père d’un enfant, N’piénikoua
Marcus Boni Téiga est le 21 mai 1966, à Tanguiéta, au Bénin. Il est titulaire
d’un diplôme de Journalisme de l’Institut de Journalisme de Lagos, au Nigéria, de
Reuters
Fellowship Certificate, et de l'Université de Bordeaux 3 en France, respectivement en 1990 et 1994. Il a
collaboré à West Africa
Magazine (Grande Bretagne), Médias France
Intercontinents, RFI, Africa International, Jeune
Afrique Economie & Telex
Confidentiel (France), La Presse de
Montréal, The Globe and Mail
(Canada), Haské, Le Paon Africain (Niger), Le Messager
(Cameroun), Le Nouveau Parlement
(Tchad). Il collabore actuellement à Courrier
International, Ulysse magazine, Slateafrique.fr.
Il est co-auteur d’un ouvrage collectif : Journalisme 2.0 Nouvelles formes
journalistiques, nouvelles compétences, édité par "La Documentation Française", en 2012. Il est aussi l’auteur d’un récit, Sambiéni,
le roi de l’évasion, édité en
1995 par "Golfe Livres", d’un essai politique, Quelle démocratie pour l’Afrique ?, édité en avril 2000
par CERFOD, d’un recueil de poèmes, Magnificences
de l’Atacora-Donga, édité en
2005, à compte d’auteur. Beaucoup d’autres ouvrages sont nés de sa plume : Kaba,
le héros et la légende, Le faiseur de pluie de Tanguiéta, Comme si j’étais un
espion : dans la guerre de la Côte-d’Ivoire, notamment.
Il a été lauréat de la Fondation Reuters en 1994. Actuellement,
il dirige la Fondation Teiga, une Ong
au service de l’éducation, de la culture, des sports et des loisirs.
H. T.
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